Mon étude sur la matière numérique a commencé avec les premières approches théoriques et pratiques des limites créatives des technologies photographiques. J’interrogeais ces limites en 2007 dans l’essai sur L’imagerie de synthèse appliquée à l’architecture publié dans une revue de l’EPFL. Pour illustrer mon propos j’avais réalisé spécifiquement deux images qui démontraient le potentiel de la photographie de synthèse. J’inscrivais cette nouvelle photographie dans l’histoire de la représentation graphique de l’architecture et en esquissais quelques éléments rhétoriques.
À cet essai a suivi, en 2011, la conférence de Monaco lors du salon Imagina pour la simulation et la visualisation 3D. Lors de cette conférence, intitulée Photographie de synthèse et architecture, j’exposais, avec de nombreuses images cette fois-ci, le potentiel de la photographie de synthèse en matière de communication graphique de l’architecture. Cette conférence sert d’ailleurs de référence au chapitre de Wikipedia sur la photographie de synthèse.
Par la suite, c’est par une voie plus poétique et moins théorique que j’explorais la matière numérique. Pour l’exposition de Focale à Nyon en 2012, ayant pour titre Trace(s), je réalisais une première image exploitant les limites caractéristiques de la photographie numérique que sont les pixels et les artefacts algorithmiques du processus technologique de prise de vue. Cette image, Matière Numérique 01, cristallisait et mettait à distance critique une première réalisation poétique d’une certaine idée de la photographie contemporaine.
En ajoutant d’autres images, expérimentales, j’en ai constitué un premier ensemble exposé au public lausannois lors de l’Open show #10. Sous le nom de Digital Matter, soit la traduction anglaise de Matière Numérique, j’ai testé quelques outils numériques et en ai tiré un essai photographique et théorique conséquent. Cet essai a été par la suite revu et augmenté pour la publication qui fit suite aux projections Open show 2013.
Toujours en 2013, deux éléments m’ont permis d’exprimer d’autres facettes de mon étude théorique et pratique de la matière numérique de la photographie. Premièrement, une Interview express a permis de revenir sur quelques aspects techniques de la photographie numérique et de ses limites. Cela a aussi permis d’affirmer que, comme je l’explore déjà depuis quelques années, « la question des limites est celle de la création ». Le deuxième élément a été d’apporter une possible réponse à la question que je posais dans l’essai de 2007 sur l’unicité du point de vue en proposant un panoramique inverse intitulé Coïncidence 9_07e pour l’exposition de Focale Coïncidence(s).
Après avoir revisité toutes les images depuis 2011 composant le corpus d’étude photographique sur la matière numérique, j’ai sélectionné vingt-huit images divisées en quatre séries: chambres; horizons; in situ; voisins, voisines. Cette sélection forme l’ensemble Matière Numérique 02.
[màj]: une sélection d’images est visible sur le site Swiss photo award.